Sergueï Dmitrievitch Stanishev: futur Premier ministre bulgare?

Il y a de fortes chances pour que le jeune président du BSP (parti socialiste bulgare), âgé d’à peine 39 ans, devienne le prochain Premier ministre bulgare. En effet, selon tous les sondages publiés jusqu’à ce jour, l’issue des élections législatives du 25 juin 2005 ne fait aucun doute : la coalition de gauche, largement dominée par le BSP, devrait arriver en tête sans toutefois remporter une majorité absolue, ni en voix, ni en sièges. Selon la constitution, le président de la République devrait alors demander au représentant désigné par le groupe parlementaire le plus nombreux de former un gouvernement. S’il est en mesure de former une coalition parlementaire viable, c’est S. Stanishev qui devrait devenir alors le prochain Premier ministre bulgare.

Mais qui est Sergueï Stanishev ? Quelles sont ses origines familiales ? Quel est son parcours intellectuel et politique ? Quelle est finalement sa crédibilité ? Ses admirateurs croient pouvoir déceler en lui un Zapatero bulgare : jeune, intelligent, sympathique et…socialiste ! Ses adversaires mettent en exergue sa totale inexpérience en matière de gouvernance. Pour les chancelleries occidentales, la question est très pragmatique : a-t-il l’envergure politique suffisante pour être le Premier ministre qui fera entrer sans heurt la Bulgarie dans l’Union européenne en janvier 2007 ? La réponse - au-delà du discours poli et des apparences diplomatiques - n’est pas aussi évidente qu’il y paraît de prime abord.

 Sergueï Stanishev est né le 5 mai 1966 en Union soviétique dans la ville de Cherson (Ukraine), située sur les bords du Dniepr, d’un père bulgare[1] et d’une mère soviétique[2]. Il a renoncé à sa citoyenneté russe il n’y a qu’environ cinq ans quand il a entamé sa carrière politique[3] en Bulgarie. Il a un frère aîné, Guéorgui, qui est architecte. Qu’il le veuille ou pas, Sergueï Dmitrievitch Stanishev est un symbole, jusque dans son patronyme[4]. D’une certaine manière, il s’inscrit dans la lignée des « anciens »[5]. Ses détracteurs anti-communistes les plus féroces y voient là, d’ailleurs, l’une des principales raisons à sa nomination à la tête du parti. Malgré son jeune âge, il appartient au « clan », à la « tribu communiste ». Sa filiation et son nom sont un gage de loyauté à des valeurs. Comme il doit tout au parti, il saura rester fidèle à l’essentiel. « On » saura le lui rappeler éventuellement disent même certains observateurs. Même si ces remarques peuvent apparaître exagérées aux occidentaux – qui, souvent, ne peuvent pas appréhender la force de l’inertie du passé – il n’en demeure pas moins vrai que les raisons pour lesquelles S. Stanishev est devenu le président du parti socialiste bulgare soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de véritables réponses. Ses ennemis égrènent à l’envie son « pedigree » de jeune nomenklaturiste qui a largement su profiter des multiples privilèges dont sa famille bénéficiait et de l’appui du réseau politique national et surtout international de celle-ci. D’ailleurs, ajoutent-ils perfidement, s’il devient Premier ministre pourra t-il avoir accès aux documents classifiés de l’OTAN ?

            En 1989, à 23 ans, Il est déjà diplômé en histoire de l’université Lomonosov (MGU) de Moscou où, en 1994, il soutient sa thèse de doctorat. Il rentre ensuite en Bulgarie où il se lance – très brièvement - dans le journalisme. C’est son unique expérience professionnelle. En 1995, sous le gouvernement socialiste dirigé par Jan Videnov[6] et à l’invitation de Krasimir Premianov[7], il rejoint l’état-major du BSP au siège du parti, 20 rue Positano. Il commence sa carrière politique comme expert en chef au « Département de politique étrangère et activité internationale » auprès du Conseil suprême du BSP avant d’en devenir le directeur entre 1996 et 2001. Entre temps, en 1998, il va faire une spécialisation en science politique à l’Ecole des études politiques de Moscou puis, entre 1999 et 2000, il part faire une autre spécialisation en relations internationales à la fameuse London School of Economics sur le thème de « la politique extérieure contemporaine de la Russie ». Sergueï Stanishev est un jeune homme intelligent et brillant ; sa biographie indique qu’il est l’auteur de plus d’une cinquantaine de publications portant sur la politique étrangère publiées dans des revues bulgares ou étrangères.

            D’une certaine manière, S. Stanishev est donc un pur produit de la nomenklatura de l’ancien régime communiste et, s’il ne serait pas correct de lui reprocher ses origines familiale et politique, encore faudrait-il qu’il assume totalement ce passé pour paraître véritablement crédible, notamment aux yeux des observateurs étrangers. Dans une récente interview par exemple, tout à fait dans la phraséologie d’autrefois, il souligne les « origines pauvres » de son père ainsi que sa grande modestie. Il met en avant le fait qu’au cours de sa longue carrière de « haut fonctionnaire » du parti, celui-ci n’a acquis qu’un modeste appartement et qu’une modeste voiture. Les Bulgares ne sont pas dupes. Ils n’oublient pas tous les privilèges dont les membres du Comité central du parti communiste étaient comblés sous l’ancien régime. Il n’était pas nécessaire d’être « riche » -financièrement s’entend – mais puissant ; tout était alors proposé gratuitement. La fidélité et l’obéissance au parti – au clan – avait un « prix », immatériel en quelque sorte, qui se mesurait en privilèges, pour soi, pour ses enfants, pour ses proches, pour ses amis. Avant la chute du régime communiste, partir faire des études à l’étranger, tout particulièrement à Moscou, était une « chasse gardée » pour les enfants de la plus haute nomenklatura du parti. Pourquoi ne pas le dire ouvertement aujourd’hui se demandent de nombreux Bulgares ? Si sa famille est si « modeste », qui a payé ses études à l’étranger se demandent certains ? Dans ses entretiens, malgré l’affichage ostentatoire de sa modernité à l’occidentale, S. Stanishev semble rester encore sous la contrainte du « black-out » sur ce genre de sujet tabou.

En 1997, le jeune homme qui dans une interview se prétend encore hésitant sur son avenir, choisit finalement de faire une carrière politique au détriment d’une carrière universitaire. Sur l’amicale pression de son nouveau mentor, Guéorgui Parvanov[8], historien de formation comme lui, il s’engage activement dans le parti. Il est d’abord élu au Conseil suprême lors du congrès de 2000 et rentre ensuite au Bureau exécutif où il prend le poste de Secrétaire international. Il est élu député de la 19e circonscription de la ville de Roussé, sur le Danube, pour la première fois lors des élections législatives de juin 2001 et se fait élire président du groupe parlementaire de la « Coalition pour la Bulgarie » qui regroupe différents partis de gauche sous la houlette du parti socialiste. Il est membre de deux commissions parlementaires : la Commission de politique étrangère, de défense et de sécurité et la Commission de l’intégration européenne. Il prend enfin la succession de G. Parvanov à la présidence du parti socialiste après les élections présidentielles de l’automne 2001.

Pour faire une « carrière » politique aussi fulgurante au sein du parti socialiste bulgare et, a fortiori, sur la scène politique intérieure, les qualités de l’homme doivent être manifestes. L’interrogation, il est vrai, pourrait être formulées différemment : pourquoi S. Stanishev est-il devenu président du parti socialiste bulgare en 2001 et, de facto, « Premier ministre potentiel » en 2005 ? Le parti manquerait-il à ce point d’hommes capables dans une tranche d’âge immédiatement supérieure à la sienne ? Au-delà des arguments avancés plus haut, il faut peut-être chercher un réponse à cette question globale dans les rivalités intestines entre les diverses tendances – progressistes, affairistes ou rétrogrades (ces catégories ne sont pas exclusives l’une de l’autre) - qui coexistent au sein du parti socialiste. Selon des observateurs bulgares, les choses sont loin d’être facile à expliquer car, vues de l’extérieur, ces luttes d’influence apparaissent opaques. Le parti a toujours gardé sa culture du secret, c’est le moins qu’on puisse dire. La filiation, la jeunesse et l’inexpérience politique du candidat Stanishev pourraient expliquer, à elles seules, qu’il ait été à l’époque le candidat « idéal » pour succéder à G. Parvanov à la tête du parti. Il n’était pas personnellement partie prenante à la « rupture » que constitue pour le parti socialiste le choc du 4 février 1997[9]. Candidat de compromis, si l’on peut dire, il aurait permis à la fois d’afficher – vis-à-vis de l’étranger en particulier[10] - un certain « renouveau » tout en donnant les garanties nécessaires à la « vieille garde » toujours influente et vigilante, même si elle est désormais moins voyante que par le passé. Pour certains observateurs critiques, le parti tenterait avec S. Stanishev de « refaire le coup de J. Videnov », du nom de ce jeune Premier ministre socialiste que d’aucun au sein du parti prétendait en 1995 pouvoir manipuler du fait de son jeune âge et de son inexpérience politique !

            Pour de nombreux observateurs étrangers, le personnage est réellement sympathique. Avec ses lunettes, sa coupe de cheveux en brosse, son air d’éternel étudiant et sa « spontanéité » naturelle, Sergueï Stanishev sait donner de lui dans les médias une image moderne. Il fréquente les discothèques à la mode et peut danser jusqu’au petit matin comme l’a récemment signalé la presse. Il n’est pas marié et vit avec sa compagne, Helena, dont il avait fait la connaissance à Moscou et qu’il a retrouvé à Sofia en allant voir le film « Jurassic park ». D’après de nombreux témoins, il fréquente, sans façon, les restaurants de « monsieur tout le monde ». Il s’habille également comme « monsieur tout le monde ». Tous les gens de son âge peuvent s’identifier à lui. Rien à voir avec les « anciens » que l’on ne voit guerre et dont on se demande s’ils existent encore… puisqu’on ne les voit pas. On dit même que, quand il roule à moto, il porte un blouson sur lequel est inscrit « si vous lisez ces mots c’est qu’Helena n’est plus derrière moi ». Certains de ses compatriotes masculins s’interrogent quand même sur le fait que S. Stanishev n’indique pas dans son curriculum-vitae ses deux ans de service militaire obligatoire à la fin de ses études secondaires et dans quelle unité il l’a effectué. Aurait-il profité de sa situation ou de quelques « passe-droits » pour y échapper ? Si l’information se révélait exacte – ce que personne ne semble en mesure de dire -, cela ferait tache pour le représentant d’un parti politique qui met souvent en avant la défense de la patrie – l’argument est important à l’égard de l’électorat des vétérans du parti – et qui n’hésite pas à « remixer » de vieilles chansons des partisans anti-fascistes sur de la musique moderne ! Dans les discothèques, il paraît que les jeunes en raffolent !

Pour les législatives de 2005, le parti socialiste joue habilement la carte de la nostalgie. Clin d’œil au noyau dur de l’électorat du parti socialiste - les vétérans de l’ex-parti communiste qui ont connu la guerre - S. Stanishev a visité les caches souterraines des partisans dans la forêt. La campagne d’affichage, excellente au demeurant si on la compare à celle des autres partis, cible les différentes catégories sociales courtisées : un vieux couple de paysans devant leur maison en bois avec en arrière plan le traditionnel mouton ; un couple de retraités sur un banc public qui entoure, rayonnant, leur petit fils ! deux étudiants, au rire spontané, assis sur l’un des trottoirs qui longent l’université de Sofia ; plusieurs salariés, la trentaine dynamique, tout sourire, devant l’écran de leur ordinateur à écran plat, et bien sûr les travailleurs bulgares du XXIe siècle, coiffés de casques de chantier flambant neufs, évidemment souriants ! L’espoir en Bulgarie, aujourd’hui, c’est le parti socialiste, son jeune président de la République, G. Parvanov, qui recueille environ 80 % de bonne opinion dans la population et son jeune futur Premier ministre, Sergueï Dmitrievitch Stanishev.

Les adversaires du parti socialiste soulignent que, si l’on a la curiosité de se pencher sur les noms des candidats à la députation du parti socialiste en 2005, on retrouve une bonne partie des membres du gouvernement Videnov de 1995. Le « sang nouveau » qui est sensé irriguer désormais le parti ne serait donc pas aussi neuf qu’on veut bien le dire ? De plus, d’après les connaisseurs du BSP, il ne semble pas que S. Stanishev ait eu vraiment son mot à dire sur le choix des candidats. Mais, ajoutent-ils avec un sourire, on sait bien que c’est le parti socialiste qui choisit les candidats et non pas un individu, fut-il le président du parti.

L’ultime question que l’on peut se poser est de savoir si le choix de S. Stanishev comme Premier ministre est crédible sur le plan politique ? Non pas tant sur le plan intérieur – vox populi, vox dei – que sur le plan extérieur. Les principales puissances occidentales, c’est-à-dire les Etats-Unis et l’Union européenne, pourraient émettre quelques amicales réserves. Avec toute la discrétion nécessaire pour passer ce genre de message, plusieurs pays pourraient faire comprendre aux principaux responsables politiques du pays – dont le président de la République - que la Bulgarie n’aurait rien à gagner à ralentir les réformes urgentes qu’exigent son entrée le 1er janvier 2007 au sein de l’Union européenne. Sauf à envisager le fait que cette adhésion pleine et entière soit repoussée d’un an comme cela est prévue dans le traité par une clause spécifique.

Les élections législatives bulgares n’auront lieu que le 25 juin 2005 et tous les sondages s’accordent à dire que les jeux sont loin d’être faits tant pour « la gauche » que pour « la droite ». Sur un plan purement théorique, plusieurs types de coalitions gouvernementales sont envisageables. Le taux de participation, l’effet de seuil (4 %) lié au mode de scrutin, l’émergence éventuelle de petits partis, l’emploi d’un nouveau type de bulletin de vote, l’éventuelle mobilisation du million de Bulgares installés à l’étranger (la liste n’est pas exhaustive) sont autant d’éléments qui peuvent venir troubler les certitudes actuelles des instituts de sondages. Les négociations politiques visant à la formation d’une coalition politique et d’un gouvernement ne débuteront véritablement qu’au lendemain de la proclamation des résultats. Certaines surprises ne sont pas à exclure. Il se pourrait donc que le poste de futur Premier ministre soit attribué ou échappe, en définitive, au jeune et ambitieux  Sergueï Dmitrievitch Stanishev !

 

 



[1] Selon les anciennes biographies officielles, son père, Dimitar Stanichev, est né le 11 mai 1924 à Chtouka. Sa famille est originaire de Kukush (Macédoine) qu’elle quitte en 1913 au moment de la seconde guerre balkanique devant l’avancée de l’armée grecque pour se réfugier en Bulgarie à Doupnitza ( cette ville a repris son nom en 1991. Elle portait le nom de Stanke Dimitrov sous le régime communiste). Mais les nouvelles frontières établies après cette guerre l’obligent à s’installer dans un village, abandonné par sa population turque, qui se retrouve à la fin de la Première guerre mondiale sur le territoire yougoslave. Au début des années 1930, la famille s’établit à Sofia. Devenu orphelin, Dimitar aide sa mère à s’occuper de ses jeunes frères et de sa sœur. En 1940, il adhère à l’Union de la jeunesse ouvrière (RMC) et rejoint, en mars 1944, le détachement armé « Tchavdar ». Il adhère au BKP (parti communiste bulgare) en 1949 et part faire des études d’histoire en URSS où il rencontre sa femme. Un premier garçon, Guéorgui, naît de cette union non officielle puisqu’une loi interdit aux femmes soviétiques d’épouser des étrangers. Revenu en Bulgarie dans les années 1950, il commence une carrière au sein de l’appareil du parti communiste. A partir de 1955, il enseigne et dirige la chaire du  Mouvement communiste international à l’Ecole du parti auprès du Comité Central. Il est ensuite et successivement conseiller auprès du Département de politique étrangère et internationale du Comité Central (de 1965 à 1974), Ministre plénipotentiaire à l’Ambassade de Bulgarie à Moscou (1974), représentant du Comité Central auprès de la revue « Problèmes de la paix et du socialisme » (1975), puis chef du département international du Comité Central (de 1976 à 1978 puis de 1984 à 1990), avant de devenir secrétaire du Comité Central (de 1987 à 1990), candidat-membre du Bureau Politique (de 1989 à 1990) et député durant deux législatures. Après la chute du régime communiste, il a été inculpé dans le cadre de ce que l’on a appelé à l’époque  « l’affaire N° 3 », c’est-à-dire pour la crise économique sous le régime communiste (L’ « affaire N° 1 », par exemple, concernait T. Jivkov et les appartements qu’il avait distribués). L’acte d’accusation a été rendu public en 1992.

[2] Sa mère, Dina, est née à Arkhangelsk le 6 mai 1927. Elle avait la nationalité soviétique (Elle a des origines mixtes russes du nord et allemands de la Baltique) avant de prendre par la suite la nationalité bulgare. Elle a été professeur de philologie slave à l’université de Sofia. Dans une récente interview, son fils a indiqué que sa mère, âgée de 39 ans à sa naissance, avait voulu accoucher chez sa sœur, médecin gynécologue en URSS.

[3] L’article 65 (premier alinéa) de la constitution bulgare interdit aux députés d’avoir une double nationalité.

[4] Aujourd’hui, après quinze ans de transition, la volonté de conserver la russification de son patronyme – Dmitrievitch - alors que son père s’appelle Dimitar, apparaît choquante à de nombreux bulgares. Certains vont même jusqu’à dire qu’il ne doit certainement pas se ressentir comme vraiment bulgare puisqu’il ne souhaite pas le faire modifier.

[5] C’est-à-dire de ces Bulgares qui ont eu un lien très fort avec l’Union soviétique et dont le patronyme était russifié. Guéorgui Mihailov Dimitrov (fidèle de Staline et mis à la tête de la Bulgarie après la Seconde guerre mondiale) était couramment appelé « Mihailovitch » par ses camarades du parti, tout comme Andreï Karlov Loukanov (ex Premier ministre) était appelé « Karlovitch » par ses amis.

[6] Jan Vasilev Videnov est né le 22 mars 1959 à Plovdiv. Il fait ses études d’économie en URSS avant de devenir responsable des « komsomols ». Président du parti socialiste (1991-96) et président du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée (1994-95). Premier ministre socialiste, à 36 ans, de janvier 1995 à février 1997. Présenté, à l’époque, comme le symbole du « renouveau du parti », son mandat se termine dans un chaos économique et politique indescriptible. Il est fortement soupçonné d’avoir favorisé divers « groupes d’intérêts économiques » (Comme le groupe « Orion »). En 1998, il devient membre du groupe d’opposition interne « Forum ouvert » au sein du parti socialiste.

[7] Krassimir Andreev Premianov est né le 27 janvier 1955 à Bourgas. Son nom est le pseudonyme que son père (Andreï Stoykov Todorov) portait comme partisan pendant la guerre. Après des études d’économie en URSS, il exerce des fonctions dirigeantes au sein des « Komsomols » (1982-87). Il est membre du Conseil suprême du PSB et député (1990-97). De 1994 à 1996 il est vice-président du PSB et de 1995 à 1997 président du groupe parlementaire PSB à l’Assemblée. A partir de 1998, il fonde et dirige le groupe d’opposition interne au sein du parti socialiste « Forum ouvert » qui regroupe les personnes qui s’opposaient à la décision de G. Parvanov et de V. Dobrev, le 4 février 1997, de renoncer à l’époque au mandat de former un nouveau gouvernement socialiste.

[8] Guéorgui Sedefchov Parvanov est né le 28 juin 1957 dans le village de Sirichtnik près de la ville de Pernik (sud-ouest de la Bulgarie) et soutient sa thèse de doctorat en histoire en 1988. Il adhère au Parti communiste en 1981 et, jusqu'en 1991, travaille à l'Institut d'histoire du Parti communiste bulgare. Vice-président du Parti socialiste (BSP) en 1994, il est également élu député la même année. En 1996, il devient président du Conseil suprême du BSP (Réélu en 1998 puis en 2000 à une large majorité), fonction qu'il cumule avec celle de président du groupe socialiste à l'Assemblée. Le 4 février 1997, après le dramatique échec du gouvernement socialiste de J. Videnov, forcé à la démission (hyper-inflation, scandales financiers, protestations violentes dans la rue), il joue un rôle essentiel pour mettre un terme à la crise politique et permettre ainsi la tenue de nouvelles élections législatives. Il montre à cette occasion sa stature d’homme d’Etat. Il est candidat à la présidence de la République et il est élu le 18 novembre 2001, au second tour du scrutin, avec 54,13 % des suffrages exprimés.

[9] Depuis la chute du régime communiste, le 10 novembre 1989, l’histoire du BSP peut se scinder en deux périodes : avant et après le 4 février 1997. Avant cette date, deux tendances au moins s’affrontent au sein du parti. La première qui adopte pour slogan : « Nous avons conquis le pouvoir par le sang, nous le quitterons dans le sang ! » et la seconde, personnalisée par l’actuel président de la République, G. Parvanov, qui accepte à cette date de renoncer au pouvoir en refusant de former un nouveau gouvernement BSP (alors qu’il en a constitutionnellement la possibilité) après l’échec du gouvernement Videnov.

[10] Après une lutte d’influence qui dura plusieurs années entre divers mouvements socio-démocrate (parti social démocrate historique) et socialiste (issu d’une scission du BSP), le parti socialiste bulgare, dirigé par S. Stanishev, a désormais atteint un objectif essentiel pour sa crédibilité à l’étranger : devenir membre à part entière de l’Internationale socialiste.